À l’heure où l’écologie et le changement climatique sont des sujets de plus en plus préoccupants, le Zéro Déchet, ce mouvement écologiste lancé dans les années 1980 apparaît comme une voie de réflexion vers un avenir un peu plus rose – ou en tout cas un peu moins dramatique. Alors, en quoi consiste le mouvement et d’où vient-il ? On vous dit tout.

Zéro Déchet : évolution et démocratisation du mouvement

Historique

Depuis des siècles des personnes défendent le respect de l’environnement. Pour schématiser grossièrement et sans rentrer dans les enjeux logistiques et politiques, pour chaque période de l’Histoire lorsqu’un groupe de personnes détruisait des ressources naturelles, un autre groupe de personnes venait s’y imposer. On peut prendre comme exemple l’Amérique du 19ème, avec les premières nations et les colons. Pourtant, ce n’est que dans la seconde moitié du 20ème siècle que le courant écologiste apparaît suivi de l’émergence du mouvement Zéro Déchet.

Années 60 – 70

Le mouvement écologiste émerge au milieu des mouvements sociaux et de la contestation ambiante. Il s’agit d’abord de petits groupes engagés pour des enjeux spécifiques : la pollution de l’air, la protection de l’eau, etc.

Années 1980

Création de l’organisme Urban Ore dont le but est de « mettre fin au gaspillage » en réponse à des décennies de société de consommation. Urban Ore ouvre un entrepôt à Berkeley en Californie et s’engage dans la revente d’objets usagés, un « IKEA » de seconde main pour les étudiants. Par ces actions politiques et locales en faveur du recyclage et de la réutilisation des ressources, Urban Ore établit les fondations du mouvement Zéro Déchet.

Années 1990

Dr. Knapp, fondateur d’Urban Ore, s’installe en Australie où il développe son concept de « recyclage intégral ». Son approche en 12 étapes se base sur une utilisation optimale des ressources par la réutilisation des produits existants, le recyclage et le compostage. Cette méthodologie est utilisée aujourd’hui encore par un grand nombre de villes américaines.

Le concept prend alors de l’ampleur et se mut en mouvement Zéro Déchet.

Années 2000

La première conférence sur le Zéro Déchet a lieu en Australie en décembre 2000 suivie d’une tournée aux États-Unis. En 2002, l’organisme Zero Waste International Alliance est fondé par Richard Anthony qui constitue une équipe de scientifiques incluant Daniel Knapp pour établir les bases du mouvement.

La définition du Zéro Déchet est alors établi ainsi que des recommandations pour aider à réduire le gaspillage à destination des gouvernements, des entreprises et des citoyens.

Source : Article en anglais « Zero Waste Movement: The History & The Beginnings » sur le blog Eco Roots

Le Zéro Déchet devient viral

Avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, des anonymes commencent à partager leurs actions Zéro Déchet dans tous les aspects de leur vie quotidienne. Bea Johnson devient ainsi une pionnière dans l’évangélisation du mouvement auprès du grand public. En 2013, la franco-américaine habitant en Californie publie un livre – Zero Waste Home – sous forme de manuel pratique. Après avoir partagé pendant des années ses aventures sur son blog et ses réseaux sociaux, Bea Johnson devient virale grâce à son bocal d’un kilo contenant les déchets annuels de son foyer. Le Zéro Déchet devient alors tendance et accessible au grand public. D’autres personnes prendront le même chemin, y compris des entrepreneurs. Les commerces et initiatives zéro déchet, comme les magasins en vrac, se développent et s’affichent de plus en plus. Les mentalités évoluent, le mouvement devient à la mode.

Mission Zéro Déchet

La théorie

Voici le Zéro Déchet selon les 5 principes mis en place par Bea Johnson dans son livre Zéro déchet :

  • Refuser : les échantillons gratuits, tracts, publicités, etc.
  • Réduire : les produits et objets dont on a besoin mais que l’on ne peut pas supprimer de notre quotidien comme la voiture quand on habite dans un village sans transports en commun. Le but est de ralentir sa consommation dans la mesure du possible. Prendre sa voiture pour aller travailler est essentiel, avoir le réflexe de la démarrer pour faire un kilomètre beaucoup moins.
  • Réutiliser : les objets du quotidien, on donne une seconde vie à la paire de chaussettes trouée pour en faire un chiffon.
    • Réparer : (on peut ajouter cette précision) réparer ses objets au lieu de les remplacer.
  • Recycler : les objets et articles qu’on ne peut ni refuser ni réduire ni réutiliser comme les ampoules.
  • Composter : tous les éléments organiques – votre poubelle diminuera de moitié sans aucun effort !

En pratique

Aux premiers abords, la théorie semble compliquée et on se perd dans les correspondances « green » pour remplacer tous ses produits du quotidien. Pas de panique : on prend du recul et on y va étape par étape. Tout d’abord on s’équipe. Un starter pack pour chaque situation. Pour la cuisine, on prend se fait un kit pour stocker : bocaux et contenants réutilisables pour entreposer la nourriture dans les placards, le frigo et le congélateur. Dans la salle de bain, on investit dans des cotons réutilisables, des culottes de règles et on choisit des cosmétiques avec des contenants rechargeables ou recyclables. Dans la voiture, on garde un ou deux grands cabas pour faire l’épicerie avec des sachets réutilisables, toujours prêts à l’emploi. Si n’on a pas de voiture, on prend l’habitude de laisser un sac en tissu avec des sachets dans son sac à main, plié ça passe partout.

Pour le reste, on passe aux plateformes d’achats entre particuliers. Le marché des objets usagés est incroyable, en France comme au Québec. On trouve presque tout à moindre coût ! Et surtout, on avance à son rythme sans pression. C’est comme pour le sport ou l’alimentation, si c’est trop contraignant, on ne tient pas dans le temps. Changer ses habitudes demande du temps, des recherches et de la pédagogie. Si c’est plus sain pour la planète, c’est plus sain pour nous aussi : ça vaut pour les produits chimiques dans la cosmétique, les emballages plastiques, les conservateurs dans les produits transformés, etc.

Petit récap en vidéo :

Le zéro déchet aujourd’hui

État des lieux

Aujourd’hui, de nombreux pays ont une antenne nationale pour le Zéro Déchet. En France, Zero Waste France est une association citoyenne qui intervient auprès de tous les publics des citoyens au gouvernement. Au Québec, l’Association Québécoise Zéro Déchet s’engage au quotidien en portant des projets environnementaux et en soutenant les québécois dans leur démarche Zéro Déchet.

Les projets et les initiatives s’organisent partout dans le monde pour aller au-delà de la société de consommation. Production locale, circuit court, diffusion en vrac ou dans des contenants recyclables ou même consignés, de belles alternatives se mettent en place pour revenir à une consommation raisonnée et raisonnable. Grâce aux influenceurs présents sur les réseaux sociaux, le mode de vie Zéro Déchet se démocratise un peu plus chaque jour et les nouvelles marques écoresponsables se font connaître. Une belle manière d’utiliser les réseaux sociaux pour aller vers un avenir plus vert.

Et demain ?

L’enjeu de demain se portera sur les politiques publiques et les entreprises. Engager les citoyens dans une démarche durable ne sera pas suffisant si les infrastructures ne suivent pas ce changement de tendance. De la prise de conscience à la mise en place d’actions concrètes, les entreprises de tous les secteurs doivent s’organiser en interne mais surtout dans le cadre des services et produits proposés à leurs clients.

2020 sera une année historique, une opportunité pour repenser tous les aspects de la société. Parce que le mouvement Zéro Déchet est loin de se limiter à la gestion des déchets. Le mantra « Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas » ne suffit plus, il faut aller plus loin. Après près de 40 ans d’existence, le mouvement Zéro Déchet prend une ampleur mondiale et résonne plus que jamais avec les problématiques actuelles. Cet élan amorcé pour contrer la société de consommation est aller au delà de la simple réflexion sur le gaspillage mais plus vers une nouvelle définition de nos modes de vie.

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